La Xème Symphonie de BEETHOVEN et l’Intelligence Artificielle

1024 768 Amopa Paris Ouest

La Xème Symphonie de BEETHOVEN et l’Intelligence Artificielle

Conférence de Philippe Durouchoux,  Docteur ès Sciences

Mairie du XVIe. 7 avril 2022

 

Le titre de cette conférence nous interpelle, car tout le monde sait que Beethoven n’a écrit que neuf symphonies. De plus, quels rapports peut-il y avoir entre une symphonie de Beethoven et l’IA (Intelligence Artificielle) ? L’auditoire, nombreux en ce 7 avril dans la Salle des Commissions, est curieux de connaître la clef du mystère.

La réponse part d’un constat historique : la courte espérance de vie dans les siècles qui nous ont précédés (30 ans en 1800) a empêché nombre de musiciens d’achever les œuvres qu’ils avaient commencées : c’est le cas de Mozart, Chopin, Schubert, morts avant l’âge de 40 ans. Beethoven, mort à 56 ans, a laissé quelques notes pour une nouvelle création, alors qu’il n’avait pas encore terminé la IXème. Ces notes ont été retrouvées par un violoncelliste chercheur en informatique, qui les a soumises à une intelligence artificielle. Après plusieurs années de travail, les 2 et 3 septembre 2020, la formation suisse Nexus, sous la baguette de Guillaume Bernay, interprète à Lausanne une œuvre inédite, la Xème symphonie, inspirée pour 10% de Ludwig van Beethoven et complétée pour les 90% restants par l’IA !

L’IA est de même utilisée dans un nombre illimité de domaines, et ses pouvoirs infinis posent bien des questions sur ce que sera le monde de demain.

Philippe Durouchoux détaille dans sa conférence les compétences humaines auxquelles l’IA fait appel :

-l’intelligence, l’ensemble des processus mentaux qui permettent de se comporter de façon adaptée à l’environnement, pour l’IA de niveau faible (self-learning) ;

-l’émotion et la conscience, qui permettent à l’IA de niveau fort (deep learning) de réaliser des tâches humaines aussi bien que l’humain.

Pour cela, l’IA procède en plusieurs étapes : apprentissage supervisé, erreur/correction, apprentissage prédictif.

A titre d’exemple, Philippe Durouchoux rappelle comment Garry Kasparov, champion du monde d’échecs triomphe en 1996 de la machine Deep Blue, mais est battu en 1997 par Deeper Blue, capable d’analyser 300 millions de postures/seconde.

Un scénario comparable se reproduit en 2014 lors du duel du maître du jeu de Go contre la machine Alphago, dont la puissance est démultipliée par rapport à Deeper Blue.

Le logiciel Deep Dream de Google est, lui, capable de reproduire des faux Rembrandt, semblables à s’y méprendre aux originaux.

Les capacités de ces machines reposent sur des combinaisons de neurones électroniques qui imitent et démultiplient celles du cerveau humain (et ses 100 milliards de neurones) : Blue Brain de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne par exemple, ou les applications biométriques en reconnaissance faciale ou vieillissement artificiel, que nous explique avec maestria le conférencier à grand renfort de ‘slides’ impressionnants.

Bien sûr, les performances de telles applications peuvent nous faire redouter le monde de demain, si l’IA échappe à la symbiose originelle entre l’humain et la machine.

Merci à Philippe Durouchoux pour les lumières qu’il nous a apportées sur les pouvoirs de l’IA, et pour la découverte de cette Xème symphonie de Beethoven.

Fabienne Dabrigeon